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« Adam est un homme qui s’est éteint. Adolescent, il avait une flamme, il a ensuite écrit un livre, et puis il s’est éteint », dit Erwan Le Duc du personnage principal de sa série Le monde n’existe pas, interprété par Niels Schneider. C’est peut-être pour ne pas s’éteindre qu’Erwan Le Duc s’est un jour sauvé du Monde, où il fut pendant quelques années journaliste, pour se consacrer à temps plein au cinéma, une passion de jeunesse qui ne l’a jamais quitté, y compris dans ses détours de bon élève passé par Sciences Po.
Le point de bascule d’un monde à l’autre fut peut-être le court-métrage Le commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien, qui lui ouvrit en 2013 les portes de la résidence Emergence, incubateur de projets, à l’époque animé par Elisabeth Depardieu.
Elle repère l’auteur et l’encourage à écrire ce qui va devenir son premier long-métrage, Perdrix (2019). Le film est long à monter financièrement, mais il file tout de suite à Cannes. Son très bon accueil critique à la Quinzaine des réalisateurs lui garantit un joli chemin en salle, et surtout la possibilité pour Erwan Le Duc d’en faire un deuxième. Le congé sans solde pris pour tourner Perdrix se transforme en congé tout court. En 2023, il réalise pour Arte la désopilante satire politique Sous contrôle, écrite par Charly Delwart. A la fin de cette même année, son deuxième long, La Fille de son père, sort au cinéma. A 46 ans, le voilà désigné nouveau talent du cinéma français.
Du grand au petit écran, il trimballe avec lui un univers teinté de folie douce et des personnages un peu à côté de la plaque, un goût pour la France périphérique (les Vosges dans Perdrix, la banlieue parisienne dans La Fille de son père, une petite ville du Nord dans Le monde n’existe pas), et le visage récurrent de Maud Wyler, « [s]on actrice préférée », qu’il fait tourner depuis leur rencontre, il y a une dizaine d’années. « Elle navigue sur tous les registres, à la fois la comédie et la tragédie, dit-il de celle qui est aussi la mère de sa fille, et je travaille beaucoup cette question du ton, depuis que j’écris et que je fais des films. »
Ce goût pour le mélange des humeurs lui vient de la comédie anglaise, héritage de quelques années passées outre-Manche lorsqu’il était gamin, et, plus tard, de sa découverte des films d’Aki Kaurismäki et, dans un genre plus noir, de ceux de Takeshi Kitano. « Tout de suite, on m’a fait remarquer que ce ton entre humour et noirceur était particulier. Moi, c’est ce que j’adore en tant que spectateur, mais au début, j’ai eu du mal à convaincre les commissions de financement. Après Perdrix, j’avais enfin installé quelque chose, c’était plus facile. »
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